En 2017, plus de 400 cyclistes ont pris part au projet "Ping if you care" pour signaler tout ce qui les mettait en insécurité au fil de leurs déplacements en région bruxelloise. Les résultats de cette expérience ont été présentés ce mardi 8 mai : loin de surprendre, ils ne font que confirmer les problèmes pointés de longue date par le GRACQ.  

Premier point noir : l’infrastructure. 60% des participants ont signalé l’absence d’aménagements, le manque de continuité ou de lisibilité des cheminements cyclistes. En nombre absolu de "pings", c’est toutefois la qualité du revêtement qui remporte la palme : revêtement dégradé, trous, pavés, bordures ou poteaux… autant d’obstacles sur le parcours du cycliste. Plus qu’une simple question de confort, la qualité du revêtement joue un rôle essentiel dans la sécurité du cycliste. Un revêtement dégradé ou la présence d’obstacles augmentent le risque de chute et contraignent le cycliste à prêter davantage d’attention au sol qu’à son environnement direct et aux autres usagers.  

Au niveau des conflits avec les autres usagers, les cyclistes rapportent majoritairement des problèmes avec des automobilistes (passage bloqué, stationnement sur piste cyclable...). Particularité sur la rue de la Loi, également pointée, où l’étroitesse de l’aménagement engendre des conflits avec les piétons. En toute fin de classement, on retrouve de façon plus anecdotique les problèmes liés aux feux de signalisation. 

Que faire avec ces résultats ? Davantage qu’un recensement des situations problématiques ou stressantes, les cyclistes qui se sont impliqués dans ce projet sont en attente de résultats concrets sur le terrain. 

Quelles mesures ?

Les quelques mesures préconisées dans le rapport final n’ont rien de très innovant : meilleure sécurisation des infrastructures, campagnes de sensibilisation, répression des infractions… 

Les recettes sont connues, mais malheureusement pas ou trop peu appliquées. À cet égard, "Ping if you care" semble surtout démontrer l'incapacité des autorités à mettre en œuvre leurs propres directives (plan d'actions régional "sécurité routière", vadémécum définissant les bonnes pratiques en matière d'aménagements...).

Les aménagements cyclables restent, de façon quasi systématique, la "variable d’ajustement", ce qui explique les pistes cyclables trop étroites, discontinues, pas suffisamment sécurisées et de ce fait insécurisantes, qui semblent être la norme à Bruxelles. 

Voitures stationnées sur une piste cyclableLes infractions mettant directement danger les cyclistes et les piétons, notamment le stationnement sauvage, sont bien loin de faire l’objet de sanctions systématiques (même si on doit saluer à cet égard le travail accompli par les brigades cyclistes, dans les communes où celles-ci existent existent). 

De manière plus générale, l’instauration du 30 km/h comme vitesse par défaut en région bruxelloise (le 50km/h restant d’application sur les grands axes disposants d’infrastructures sécurisées), pour autant qu’elle soit effective, permettrait d’améliorer de manière substantielle la sécurité de l’ensemble des Bruxellois-es. On ne peut donc que regretter que cette mesure ne fasse toujours pas l’unanimité sur les bancs parlementaires.

Il reste donc à espérer que cette démarche d’"objectivation" de l’insécurité cycliste puisse donner un écho supplémentaire aux propositions du GRACQ pour conduire la région bruxelloise sur le chemin d’une mobilité plus durable et plus sûre pour tous. 

Florine Cuignet

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